Du R.U. au Golfe, Marks & Spencer peine à se réinventer

Par . Publié le 09 octobre 2019 à 10h48 - Mis à jour le 09 octobre 2019 à 11h27

L’emblématique Marks & Spencer (CA de € 12,2 milliards lors de l’exercice clos fin mars 2019 en baisse de 3 % via 1.035 magasins au R.U. et 428 à l’international) descend de son piédestal. Cette entreprise centenaire, devenue l’un des piliers de l’indice boursier Footsie regroupant les 100 plus grandes capitalisations de la place anglaise, vient d’en être exclue le 23 septembre dernier. Perdant du terrain depuis des années sur ses deux principaux métiers, l’alimentaire (62,5 % du CA) et le textile (37,5 % du CA en incluant la maison), sa valeur en Bourse n’atteignait plus le 4 septembre que € 4,2 milliards. Ce qui ne lui permettait plus de faire partie du « Top 100 ». A titre de comparaison, Next valait, le même jour, € 8,9 milliards. Autre symptôme de ce malaise, le groupe saoudien Fawaz Abdulaziz Alhokair, spécialiste de la mode développée en franchise (€ 139 millions de CA en 2018, -12 %) a mis fin à son partenariat avec l’enseigne britannique, jugée « non performante ». Les 15 magasins saoudiens de M&S, gérés en franchise, sont transférés au groupe Al Futtaim. L’an dernier, le CA international de M&S a chuté de 13 %.

Comment une entreprise, qui affichait plus de € 1,4 milliard de bénéfices en 1987 contre € 98 millions l’an dernier, qui représente encore 30 % des ventes de sous-vêtement au R.U. et demeure le 1er vendeur de jeans, peut-elle espérer se reconstruire et reconquérir la nouvelle génération ? Les raisons du déclin sont nombreuses et connues : concurrence des discounters (Aldi, et Lidl ou Primark), des e-commerçants (Amazon, Asos et même d’Argos), difficultés des centres villes et aussi, des erreurs stratégiques notamment à l’international (Chine). 

Depuis 3 ans, le P.D.G. Stewe Rowe tente de remettre sur les rails un modèle qui ne coïncide plus avec les fondamentaux actuels de la consommation. En février 2019, il a investi € 843 millions pour s’offrir 50 % d’Ocado Retail, dans une acquisition se voulant « transformationnelle » pour prendre pied dans l’e-commerce alimentaire. En janvier 2020, 6.500 produits alimentaires de M&S seront vendus sur le site Ocado.com (sur une offre totale de 55.000 références). Ocado, qui stoppe ainsi son contrat avec Waitrose, contrôlait 17,2 % de l’e-commerce alimentaire au R.U. en août 2019, selon Kantar. D’autres mesures ont été annoncées : un plan de fermeture touchera 100 magasins d’ici 2020. M&S a aussi signé un accord avec Infram, plateforme d’agriculture urbaine, pour fournir des fruits et légumes cultivés et récoltés dans ses magasins.  

Si M&S semble faire feu de tout bois, son Président Archie Norman exhorte les analystes financiers à attendre 4 ans que ce plan de redressement ne porte ses fruits… Une éternité pour les marchés. D’autant que la chute de la livre, et le Brexit sont également à la porte de M&S. L’année 2020 sera cruciale.