Paysurf : Orchestrer et sécuriser l’expérience de paiement sur les marketplaces
Derrière le succès des marketplaces se cache une véritable mécanique de précision capable d’encaisser, de cantonner et de ventiler et de virer les fonds, issus des achats réalisés par les clients de ces plateformes. Cette brique de paiement, fournie par des Prestataires de Services de Paiement (PSP), est indispensable au bon fonctionnement et à la rentabilité de ces plateformes. Paysurf s’affirme comme l’un des intermédiaires majeurs de ce secteur en plein essor. Rencontre avec Eric Dangreaux, son directeur commercial.

Amazon, Cdiscount et maintenant Ankorstore dans le B2B : Les places de marchés n’en finissent pas de gagner du terrain. Comment percevez-vous ce phénomène en tant que PSP, filiale d’un grand groupe bancaire, le Crédit Mutuel Alliance Fédérale ?
D’après les derniers chiffres de la FEVAD, le volume d’affaires généré par les vendeurs tiers sur les marketplaces représente le tiers du volume d’affaires total de l’e-commerce en France. Et ce chiffre a progressé de 32 % entre 2019 et 2021. Le modèle des places de marché s’impose encore plus nettement depuis la crise du Covid. En développant leur propre marketplace, les retailers peuvent proposer du « one-stop-shopping », des services d’achat, de livraison, de SAV sur un support unifié et capter une audience plus large.
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Quel rôle joue l’étape clé du paiement dans ce modèle ?
Dans l’e-commerce, la brique de paiement est importante. Elle l’est encore plus pour les marketplaces pour deux raisons. D’abord parce que c’est un domaine strictement réglementé. Ensuite parce que cette fonction de paiement doit être exercée de bout en bout, depuis le click d’achat jusqu’aux versements des fonds aux vendeurs. Les e-commerçants doivent donc impérativement faire appel à ces partenaires de confiance que sont les PSP (Prestataires de Services de Paiement) comme Paysurf pour se conformer aux réglementations françaises (Code Monétaire et Financier) et européennes : DSP 1 et 2 (Directives sur les Services de Paiement). Paysurf, agréé par l’ACPR (Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution) depuis 2019, en tant qu’organisme en charge de l’encaissement pour compte de tiers, se positionne comme un acteur phare sur ce marché.
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Comment interviennent ces prestataires financiers dans le processus d’achat propre à une marketplace ?
Quand vous achetez sur une marketplace, vous pouvez mettre dans votre panier un pantalon fourni par une marque de vêtement, et des chaussures vendues par un autre marchand. C’est une des particularités des marketplaces : elles impliquent de savoir gérer des paniers dits « multi-produits et multi-vendeurs ».
Nous jouons donc un rôle d’intermédiaire entre trois acteurs : l’opérateur de la marketplace (par exemple une grande enseigne qui cherche à élargir son offre), les vendeurs tiers (qui proposent leurs produits ou services sur la plateforme) et les clients/acheteurs de la place de marché.
Aux consommateurs, nous offrons une interface sécurisée, capable d’accepter une grande variété de cartes de paiement (CB, Visa, Mastercard), même celles émises par des banques étrangères. Nous leur garantissons également ce que nous appelons « l’intimité numérique ». PaySurf fait partie du groupe bancaire Crédit Mutuel Alliance Fédérale, ce qui nous permet de stocker les données de transaction en France, sur les serveurs de notre maison-mère à la différence d’autres acteurs qui sous-traitent en externe cette opération.
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Sur les marketplaces, les vendeurs peuvent être des indépendants, des professionnels ou des particuliers. Dans toutes les formules (C2C, B2C…), il existe des risques de fraudes, d’usurpation d’identité et d’arnaques. Comment vous assurez-vous de l’identité réelle des comptes marchands ?
Ce travail se fait en lien avec l’opérateur. La réglementation impose la présentation de documents officiels (statuts, pièces d’identité, justificatifs de domiciles, Kbis…). L’opérateur les recueille et nous vérifions ce que l’on appelle en langage bancaire : le KYC (Know Your Customer). A l’issue d’un achat en ligne, les fonds sont mis dans un premier temps dans un « coffre-fort » temporaire, jusqu’à ce que la prestation soit réalisée. Ceci permet d’éviter les mauvaises surprises au moment de la livraison, par exemple. Ensuite, Paysurf est en mesure de procéder aux règlements, exclusivement par virement sur le compte bancaire du vendeur, en J+1 ou J+2. Nous sommes aussi capables de ventiler les achats et de redistribuer les fonds à chaque vendeur en cas de paniers multi-produits multi-vendeurs.
En réalité, derrière un simple achat en ligne sur une place de marché, se cache une véritable mécanique de précision, car trois acteurs interviennent dans le processus. Tout se fait de manière automatisée par requête informatique grâce à l’API (Interface de Programmation Applicative) de Paysurf.
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Que se passe-t-il en cas de litige ? Ou quand un client veut se faire rembourser ?
Cette opération de back-office, invisible, passe là encore par le déclenchement de requêtes informatiques. Par exemple, si un article ne parvient pas à son destinataire, ou qu’il présente un défaut, l’opérateur lance une requête informatique, via l’API, vers le compte du vendeur. Cette action déclenche le remboursement via la carte bancaire qui a servi à payer. Un client peut aussi changer d’avis. En matière de vente à distance, selon le code de la consommation, il dispose de 14 jours pour se rétracter : il peut renvoyer des chaussures ou une robe de mariée commandée sur un site Web spécialisé. Dans ce cas, les remboursements repassent par l’intermédiaire de l’API.
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De nouveaux moyens de paiement se développent, comme le paiement fractionné. C’est une complexité supplémentaire pour Paysurf ?
C’est effectivement un challenge. Aujourd’hui, plus de 70% des paiements se font par l’intermédiaire de cartes bancaires ou de virements. Fin 2022, nous allons proposer des moyens de paiement alternatifs, comme le paiement fractionné en nous appuyant sur la société de crédit Cofidis, une autre entité de Crédit Mutuel Alliance Fédérale.
Parallèlement, nous demandons un nouvel agrément pour pouvoir procéder à des prélèvements. Cette formule de paiement à échéance régulière accompagne l’essor des modèles par abonnement. Déjà utilisée dans les cosmétiques, avec les Box Beauté, elle se développe dans les autres univers. Par exemple, Decathlon propose location d’articles de sports par abonnement. Sur les marketplaces B2B, le prélèvement aussi prend de l’importance. Il répond aux relations de confiance et de long terme que peuvent nouer des professionnels entre eux. Toutes ces évolutions du marché, nous les prenons en compte. C’est pourquoi nous élargissons notre portefeuille de moyens de paiement.
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D’autres projets ?
Notre solution s’adresse avant tout aux marketplaces, qui vont continuer leur croissance sur un rythme soutenu. Mais au-delà, Paysurf constitue également une brique de paiement adaptée à ce que l’on appelle aujourd’hui le « commerce unifié ». Pour une enseigne omnicanale, une transaction peut avoir été effectuée sur le Web, ou dans un magasin, puis être livrée depuis le stock d’un autre point de vente. Notre API sait gérer l’encaissement et la ventilation des paiements. Grâce à notre tableau de bord et notre API, une enseigne dispose d’un outil capable d’affecter au bon endroit les ventes réalisées au sein de son réseau, à la fois “on” et “offline”. Nous intervenons dans ce contexte pour une grande enseigne du jouet en liaison avec Monetico Retail. Il existe de vraies synergies d’usage entre marketplaces et commerce unifié.
Regine Eveno et Sophie Baqué