Salon MPV 2020 : zoom sur les tendances et « RetailFictions »

Le salon MPV présente les principales tendances dans le domaine du Marketing Point de vente. Référent sur le marché, il réunit tous les deux ans les professionnels du « retail » pour échanger autour de cas clients et des tendances en PLV, agencement, digital, activation de marque et design. Rencontre avec Nathalie Niel, Directrice Adjointe du salon Popai / MPV et Monique Large, Consultante en innovation et Fondatrice de PollenConsulting.

Par . Publié le 24 février 2020 à 16h45 - Mis à jour le 25 février 2020 à 19h24

GRN : Pouvez-vous
nous présenter le salon MPV ? 

Nathalie Niel : Organisé tous les 2 ans pour le
POPAI France, MPV est le salon de toutes les solutions marketing en point de vente.
Notre 34e édition se tiendra du 24 au 26 mars, Porte de
Versailles. Sur MPV, nous célébrons le magasin physique : toucher,
sentir, essayer, goûter…car l’éveil des sens reste l’apanage du « retail »

Nos exposants, qu’ils
soient fabricants, agenceurs, agences ou acteurs de la « retail tech »
ont tous à cœur d’aider les marques et les enseignes à faire vivre des
expériences agréables, fluides voire mémorables à leurs clients. En
tant qu’organisateur de salon, c’est également la promesse que nous faisons à
nos visiteurs. Pour l’atteindre, nous innovons cette année en créant trois
zones expérientielles qui permettront – entre autres – de donner vie au
Cahier de Tendances MPV.

GRN : Qu’est-ce ce que cahier de tendances ? 
Monique Large : Ce cahier est conçu pour permettre aux professionnels du « retail » de prendre de la hauteur sur les enjeux actuels et de décrypter les évolutions du métier. Croisant les regards de multiples experts, c’est à la fois une source d’inspiration mais surtout un outil structuré aidant à se positionner – ou non -sur les innovations du secteur. Ce cahier parle d’innovation, mais son contenu aborde le « retail » de façon intemporelle, sous un regard socio-culturel. Les trois derniers cahiers, téléchargeables sur le site Mpv-paris sont toujours d’actualité !  

GRN : Quelles grandes
tendances « retail » avez-vous identifiées pour 2020 ? 

N.N : Des magasins « instagrammables »,
phygitaux, proposant toujours plus de services et des marques
engagées soucieuses de leur impact environnemental. Ces grandes tendances
seront exposées lors de conférences et de sessions de coaching POPAI
réparties sous 3 grands chapeaux : « Digital retail », « Green retail » et «
Success stories ». Pour se projeter dans le futur du « retail »,
nous avons demandé à Monique Large, de l’agence Pollen Consulting, à quoi
ressemblera le magasin de demain. Ne possédant pas de boule de cristal,
elle nous a suggéré de s’inspirer de la Design
Fiction pour imaginer des scenarii fictifs… des « Retail Fictions ». 

GRN : Monique, de
quoi s’agit-il ?

M.L. : Au-delà de tendances, l’idée des
« Retail Fictions » est d’interpeller et de susciter le débat en
transgressant, en abordant franchement les tabous du retail. Ces
scenarios spéculatifs permettent de créer des artefacts – des
phénomènes d’origine artificielle – au sujet d’un futur possible ou probable.
Et donc, de s’interroger sur le futur souhaitable. 

GRN : Concrètement,
quels sont les scénarios envisagés ?

M.L. : Le cahier est donc structuré en 7
questions : « Et si » …

  • Et si on remplaçait le plastique par du végétal en point de vente ?
  • Et si on logeait des jeunes dans des centres commerciaux ?
  • Et si on fabriquait tous nos produits dans le point de vente ?
  • Et si la pub s’estompait avant de saturer le cerveau ?
  • Et si les consommateurs exigeaient une transparence totale ? 
  • Et si tout était livré ?
  • Et si tout était loué, prêté, échangé ?

GRN : Parmi les « Retail
Fictions » qui seront présentées cette année au salon MPV, lesquelles vous
paraissent les plus plausibles dans un avenir proche ?

N.L : Toutes sont plausibles, car fondées sur
le croisement de signaux réels, qu’il s’agisse de recherches scientifiques ou de
travaux d’artistes ! D’ailleurs en interrogeant les experts, beaucoup
confirment que ces fictions sont déjà en grande partie une
réalité. Cependant, prédire le futur est loin d’être une science
exacte. Dans les années 1980, on imaginait se déplacer en voitures volantes
en 2000, mais rien ne présageait de l’essor d’Internet. L’objectif du
cahier n’est pas de présenter des scénarii plausibles mais de faire
réagir à des possibles dérives de notre société, de notre
consommation, de notre rapport aux technologies. 

Nathalie, qu’en pensez-vous ?
N.N : Bien que toutes plausibles, une de nos fictions me semble
tout de même plus fictive que les autres : Et si tout était livré ? Les
consommateurs auront, selon moi, toujours besoin d’un point de contact physique
avec la marque. Un espace dans lequel, en plus de s’immerger dans
l’univers des marques qu’ils affectionnent, ils peuvent toucher, sentir,
goûter, essayer voire produire eux-mêmes les produits avant de les
acheter.  

GRN : Plusieurs
scénarios évoquent le développement durable : « Et si on remplaçait le
plastique par du végétal en point de vente ? », « Et si tout était loué,
prêté, échangé ? », « Et si les consommateurs exigeaient 100% de transparence ?
». Sur ces sujets, sommes-nous finalement plus proche de la réalité
de demain que de la fiction ? 

M.L : Ces questions sont d’actualité, mais la
façon d’y répondre méritent d’être challengée. Concernant l’actuel « plastic
bashing », les solutions consistent à utiliser des
bioplastiques en remplacement, à réduire la matière, à mettre en place des
filières de recyclage et de consigne… ce qui ne remet pas fondamentalement
en question les usages de la PLV ni notre rapport à l’éphémère.
La fiction permet d’aller plus loin, en interrogeant notre sens du vivant.
Pour la transparence exigée par les consommateurs, nous en sommes aussi aux
balbutiements. Les scandales récents ont fait monter d’un cran la méfiance,
et les entreprises comme les tierces parties surenchérissent dans la réassurance,
avec des outils restant pourtant incomplets ou peu exploitables. Demain, devrons-nous
passer par la technologie pour rétablir la confiance ? L’autre
exemple, « Si tout était loué, prêté, échangé… », interroge
sur l’évolution d’une la relation client s’inscrivant dans la durée. Car
avec ce type de modèles, les marques récolteront encore plus de données sur nos
habitudes, pour assurer la personnalisation et bien sûr, nous simplifier
la vie. D’autres options sont-elles envisageables ?

GRN : Comment ces
fictions prendront-elles vie sur le salon ?

N.N : Nous avons associé chaque fiction à une zone expérientielle. Par exemple, celles portant sur le remplacement du plastique par le végétal et le logement des jeunes dans les centres commerciaux seront présentées sur la zone « Breathe », un espace dédié à la détente et conçu comme une bulle de déconnexion. Podcasts, murs de présentation, vidéos et animations permettront de mixer les supports pour donner vie à ces « Retail Fictions ».


Diffusé dans la Newsletter Digital Retail News du 25 février 2020